Interview Pourquoi le covering doit être encadré par des normes métier claires - Exhibition Auto.com

Pourquoi le covering doit être encadré par des normes métier claires


Claire Delorme : Armand LOSPIED, vous êtes connu dans l’univers de la préparation esthétique automobile pour votre travail sur la professionnalisation du detailing. Vous êtes aujourd’hui très investi dans le covering. Pourquoi ce virage ?

Armand LOSPIED : Ce n’est pas vraiment un virage, c’est une continuité. Le covering est devenu un pilier de la personnalisation automobile. Or, dans le detailing comme dans le covering, le constat est le même : beaucoup de passion, de talent, mais peu de cadre technique structuré.
Chez SP FORMATION, nous accompagnons des professionnels qui lancent leur activité, des carrossiers qui se diversifient, ou des entreprises qui cherchent à former leur équipe. Et tous nous disent la même chose : il est difficile de recruter des poseurs fiables, formés, et surtout capables de garantir une qualité constante.

Le besoin d’un référentiel commun et reconnu

Claire Delorme : Qu’est-ce qui vous amène à parler de structuration alors que le covering semble déjà bien implanté ?

Armand LOSPIED : C’est justement parce qu’il est implanté que la structuration devient urgente. 70 % des centres de detailing proposent aujourd’hui des prestations covering, souvent en auto-formation, parfois avec un encadrement léger.
Mais lorsque vous êtes face à des clients exigeants, des flottes commerciales, des véhicules haut de gamme… l’absence de norme se paie très cher : décollements, bulles, défauts d’alignement, mauvaise gestion du post-chauffe… Et ces problèmes fragilisent toute la filière.

Nous sommes donc en train de recueillir les retours de terrain pour construire un référentiel de compétences clair, précis, ancré dans les réalités des ateliers. Ce référentiel pourra ensuite servir de socle pour une certification professionnelle, dans le respect des standards des fabricants.

Des normes techniques exigeantes, souvent méconnues

Claire Delorme : Vous évoquez les standards fabricants. Sont-ils à ce point contraignants ?

Armand LOSPIED : Oui, et très peu de poseurs les appliquent réellement. Je vous donne quelques exemples concrets :

  • La température du local de pose doit être maintenue entre 18°C et 25°C, sans courant d’air, avec une hygrométrie < 60 %. Peu le contrôlent.

  • Le post-chauffe sur zones étirées doit atteindre 90°C à 110°C, contrôlé avec un thermomètre infrarouge. Si c’est mal fait, le film revient en place et se décolle.

  • Les fabricants comme 3M, Avery Dennison, Hexis fournissent des fiches techniques très claires… mais elles sont rarement lues, encore moins appliquées.

Et je ne parle même pas des zones complexes (poignées, pare-chocs, rétroviseurs), qui nécessitent une vraie maîtrise du thermoformage et du repositionnement à chaud. Le covering, ce n’est pas un sticker sur une portière. C’est une intervention technique de précision, qui doit respecter une chaîne de gestes professionnels.

Une structuration utile pour les pros et les clients

Claire Delorme : À qui profiterait cette normalisation : aux professionnels ou aux clients ?

Armand LOSPIED : Aux deux.
Pour les professionnels, c’est une reconnaissance de leur savoir-faire. Cela leur permet de justifier leurs prix, de former leurs équipes selon des standards communs, et de rassurer leurs clients. Mais également de valoriser leurs compétences sur leur CV.
Pour les clients, c’est un gage de confiance. Ils savent qu’un poseur formé, évalué, certifié, appliquera les bonnes méthodes et garantira un résultat durable.
C’est aussi une réponse à un vrai problème de crédibilité : aujourd’hui, trop de prestations sont refaites ou contestées. Le marché est en tension, et seuls des standards clairs permettront de l’assainir durablement.

Claire Delorme : Comment construisez-vous ce référentiel, justement ?

Armand LOSPIED : Nous partons du terrain. Depuis plusieurs mois, je multiplie les échanges avec :

  • Des formateurs spécialisés en pose covering ou PPF,

  • Des poseurs en activité, parfois indépendants, parfois en atelier,

  • Des chefs de centres ou franchisés qui cherchent à recruter,

  • Des concessionnaires qui intègrent le covering dans leurs prestations VN/VO.

Ces retours sont compilés, analysés, croisés avec les normes fabricants. Et progressivement, nous bâtissons un référentiel structuré, cohérent, opérationnel. Il s’articule autour de 9 blocs de compétences : préparation du poste, nettoyage, découpe, pose plane, pose complexe, post-chauffe, contrôle qualité, retouche, et conseil client.
C’est un référentiel métier, pas un manuel théorique. Il est pensé pour être enseignable, mesurable, et valorisable dans un cadre certifiant.

Une vision : sécuriser l’avenir du métier

Claire Delorme : Dernière question : pourquoi ce travail est-il urgent aujourd’hui ?

Armand LOSPIED : Parce que le métier est en train de se banaliser, sans être encadré. Le nombre de prestations augmente, mais les compétences réelles ne suivent pas toujours.
Et parce que les clients deviennent plus exigeants, notamment sur les véhicules neufs ou les flottes professionnelles. Ils veulent de la qualité, de la durabilité, du conseil.
Enfin, parce que les formations sérieuses manquent. Il existe des stages, des modules internes à certains fabricants, mais rien de standardisé, reconnu.
Notre travail, avec SP FORMATION, c’est de combler ce vide, pas seul, mais avec les professionnels du terrain. Pour que ce métier soit enfin reconnu comme il le mérite.

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